La masturbation masculine et féminine a été affublée des pires causes de maladies ou de troubles psychiatriques durant des siècles. Nombreux sont ceux qui expriment encore aujourd’hui, une anormalité à la vivre sereinement, qu’ils soient célibataires ou en couple.
Différentes justifications arrivent en tête de cette croyance qu’est la déviance de cette pratique de plaisir solitaire. Pour certains, c’est l’impression de trahir son/sa partenaire. Pour d’autres, le fait de ne pas avoir besoin de cette décharge physique puisque cela peut être vécue avec délice en compagnie de l’être aimé(e). Enfin arrive le non-intérêt pour cette pratique dite « inutile ».

OSEZ !

Derrière ces raisons évoquées se cache souvent la culpabilité consciente ou induite. L’auto-érotisme peut-il exister si l’éducation sexuelle (celle que vous ont inculqué vos référents : parents, amis, religion…) et la vision de la sexualité en solo ont été trop négatives ou insuffisantes ?

Cela n’est pas impossible ! La sexualité étant évolutive, il est bien sûr intéressant pour vous d’imaginer d’autres possibilités à venir. Rester sur cette idée première de « péché » via la masturbation n’étant pas l’accès le plus évident vers l’extase que l’on désire réellement sans oser l’affirmer ou l’assumer. D’autant que la (re)-découverte en solo a un impact positif sur l’élaboration d’une sexualité en duo plus libérée. Alors pourquoi ne pas révéler cela dans un cadre propice à l’évolution de vos propres besoins ? (Prendre son temps, être dans un environnement adéquat…)

Aujourd’hui, on véhicule la recherche du plaisir, le prolongement des préliminaires par le droit consenti à la jouissance, mais cela reste  particulièrement vrai dans le cadre du couple. Laissez-vous tenter personnellement ! Rien ne vous empêche de décrire vos sensations, vos ressentis pour les vivre et les partager ensemble ensuite. Dans l’échange, les amants cherchent un idéal de bonheur via lequel la jouissance est partagée et officialisée, voire même conseillée afin de maintenir l’osmose amoureuse et/ou sexuelle. Cette jouissance autorisée sous crédit de l’amour est valorisée. C’est excellent ! Mais pourquoi alors tabouiser l’excitation génitale découverte selon ses propres envies puisque c’est elle qui va permettre un véritable bénéfice au sein du couple ?

L’AUTO-ÉROTISME, LE MEILLEUR MOYEN DE DÉCOUVRIR SA PROPRE SENSUALITÉ

La masturbation est généralement vécue selon deux pans de pensées opposées, l’un étant dicté comme contraire à la morale, l’autre comme étant la véritable éducation qui ne se traduit pas uniquement par un apprentissage verbal et pédagogique mais bien par une recherche sensitive et corporelle.

Ce plaisir solitaire, encore aujourd’hui, vécu comme un « gaspillage », une tromperie, un geste allant à l’encontre de la procréation ou de cette nouvelle vision du bien-être à deux, efface l’importance et les avantages d’une pratique sexuelle seul(e). Même s’il n’est pas simple d’aller au devant d’idées de censure et de valoriser une connaissance de son corps pour jouir, je prends le parti pris de légitimer la masturbation.

Il est important de rappeler qu’elle est la base de l’activation des sensations érotiques, de l’éveil des sens, qu’elle permet d’acquérir une certaine “maturité sexuelle”.

C’est un apprentissage qui permet d’expérimenter vos zones érogènes et leurs réactions sexuelles après stimulis, de comprendre votre mode de fonctionnement indivuel pour vivre plus aisément et plus intensément votre sexualité globale. Vous avez votre propre façon d’appréhender les carresses. Si vous connaissez vos sources d’excitations génitales et/ou émotionnelles (frottements, mots d’amour…), il vous sera plus simple de les demander à votre partenaire ou d’aller les chercher vous-même pour toujours plus de diffusions sensorielles avec l’autre.

LA MASTURBATION RAVIVE DÉSIR ET PLAISIR EN COUPLE

En effet, cet auto-érotisme aboutit obligatoirement à un « effet miroir », en terme de manifestations érotiques lors des relations sexuelles. Si la masturbation est dédramatisée, accueillie et vécue comme un apprentissage sensuel (pas uniquement comme un soulagement furtif), comme une base de votre sexualité, c’est une maîtrise de votre corps et de votre jouissance qui esthétisera et enjolivera, par la suite, vos rapports charnels. Sans jugez du délassement que peut apporter une masturbation brève, prendre le temps de se caresser, c’est se nourrir de touchers qui pourront par leurs découvertes et les sensations délicates et excitantes qu’elles apportent, nourrir également votre partenaire car aucune perception ne vient à vous de manière automatique, il faut les « activer » ou les ré-activer. Certaines techniques de respiration, de mouvements corporels pour mieux lâcher-prise peuvent notamment être acquis grâce aux conseils d’un sexologue spécialisé en sexocorporel.

La masturbation est aussi une manière d’aimer son corps, tel qu’il est, décomplexé face à la douceur, à l’épanouissement au plaisir qu’il peut vous procurer, seul. S’aimer soi, aimer son corps, c’est aussi savoir, ensuite, le dévoiler à l’autre, en faire un atout de séduction ultime, loin des apparats. C’est votre bien-être et votre mouvance qui attirera le regard de votre acolyte. Débridé, plus instinctif, le corps charme en se révélant à vous, à l’autre, aux autres… Il est donc important de valoriser une qualité de masturbation plutôt qu’une quantité.