Milène Leroy, sexologue, nous en dit un peu plus sur le bondage.

BONDAGE : UN PEU D’HISTOIRE

Aussi nommé shibari, le bondage est l’art de ligoter, de dévoiler des morceaux d’anatomie féminine ou masculine entre les divers tours de corde.

Originaire du Japon, il est consacré dans un premier temps au châtiment. Ce pays imprégné de l’esthétique et de l’utilisation de la corde l’utilise comme symbolique d’une humiliation totale. A tel point que pour éviter toute confusion de crime et de statut, des figures stylisées sont mises en oeuvre pour démarquer les fautes et les personnes de haut rangs. Sans suffisamment de précision à l’élaboration d’un “emballage”, le coupable est même relâché !

Art tout d’abord réservé aux hommes, les femmes s’y attellent aujourd’hui de plus en plus. Diriger la mise en scène, maîtriser les noeuds est une manière d’affirmer un savoir-faire mais aussi d’inverser une tendance machiste.

Le bondage est de nos jours considéré comme une relation de soumission-domination en lien avec un érotisme poussé. L’idée étant d’attacher ceux que l’on “aime”, ceux que l’on veut mettre en valeur pour exacerber l’excitation commune au fur et à mesure d’un enrobage.

DIFFÉRENTES FORMES DE LIGOTAGE

On distingue, d’un côté, le degré de liberté de mouvements qu’à une personne ligotée et, de l’autre, la finalité du bondage.

De la permission à la restriction :

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Le premier niveau ne comporte pas d’utilisation de cordes ou de liens. Ce qui importe, c’est la position de la soumise et sa capacité à la conserver hors de toute attache.
  • Le second niveau présente une utilisation de liens plutôt symbolique que physique. Souvent produit pour une œuvre artistique (photographie…).
  • Le troisième niveau n’empêche pas une certaine liberté de mouvements, le but étant de mettre en exergue une ou plusieurs parties du corps.
  • Le quatrième niveau restreint “l’objet” à bouger tout en lui permettant de garder une pose confortable.
  • Le cinquième niveau oblige le corps à se cantonner à une figure stricte.

LES TYPES DE BONDAGE :

  • L’artistique
: L’enjeu est de créer un tableau. L’esthétique est recherché. Sensuelle ou érotique, la soumise n’est pas serrée mais accessoirisée pour permettre la réalisation d’une œuvre.
  • La recherche de Plaisir sexuel
: la personne est attachée, souvent entièrement nue, de manière à avoir accès aisément aux zones sexuelles. Les liens sont serrés sans pression afin que la douleur ne vienne pas contrarier la montée de l’excitation.
  • La volonté de contraindre : La liberté de mouvements est partiellement ou totalement contrainte (sont concernées certaines zones, le haut ou le bas du corps). L’utilisation de mobilier est courante dans la réalisation des figures (table, chaise…).
  • La quête d’humiliation
: C’est la position choisie qui va amener cette vision et ce ressenti humiliants (par exemple : le sexe ou l’anus sont exposés, il y a intromission de jouets sexuels, transformation du corps en objet : table basse…).
  • La soif de torture : Le ligotage provoque volontairement une douleur intense. Les liens sont extrêmement serrés, la tension physique et émotionnelle est suprême.

LE CONSENTEMENT MUTUEL

Même si elles sont aujourd’hui vécus de manière consenties et pacifiques, ces pratiques demandent une grande expérience car les dangers sont réels.

La femme ligotée n’est pas qu’objet lors de ce ficelage. Elle exerce sur le/la ligoteur(se) un magnétisme si fort qu’elle en devient valorisée, désirée. Le/la noueur/se est hypnotisé(e) par sa muse. Il est clair que dans toute relation “objet-sujet”, c’est bien l’objet qui décide, qui donne, qui autorise… sans cela, l’osmose n’a pas lieu et la pratique n’a aucun sens.

Chaque soumise a ses propres peurs et pudeurs. Le/la Maître(sse) agit donc en fonction de ce qui lui est décrit afin de les mettre en lumière. Un bandeau est parfois utilisé pour favoriser la mise en scène : cela la protège du regard des autres tout en lui permettant de développer son imaginaire face à la réaction potentielle des spectateurs.