Hommes et femmes ne réagissent pas de la même manière face à l’adultère homosexuel. La sexologue Milène Leroy nous explique.


Du baiser à l’acte sexuel, les pratiques aventureuses avec les personnes de même sexe (d’autant plus lorsqu’il s’agit de deux femmes) sont plus acceptées ou pardonnées au sein du couple hétérosexuel.

LE BAISER

Alors que pour la plupart des couples, embrasser, c’est tromper, le baiser entre femmes n’est plus perçu comme l’expression d’un désir sexuel mais comme une attitude anodine d’un comportement féminin expansif et inévitablement attirant. Si le lieu dans lequel se fait le baiser n’est pas connoté “gay”, deux femmes qui s’embrassent sont bisexuelles, fun, open… mais pas lesbiennes. La perception est biaisée par une médiatisation de la fantasmagorie entre filles, les rapprochements intimes homosexuels ne sont quasiment plus vécus comme des trahisons pour leurs partenaires.

Lorsqu’il s’agit d’un baiser entre hommes, le regard porté par les femmes n’est pas aussi approbateur. Leur première réaction est de penser que leurs compagnons nient leur véritable orientation sexuelle. Elles n’érotisent pas et ne comprennent généralement pas ce qu’elles ont découvert.

LE RAPPORT SEXUEL

La relation extra-conjugale avec une personne du même sexe n’est pas considérée par les hommes et les femmes de la même manière. Les femmes gèrent moins facilement que les hommes les écarts non consentis, même si la colère est amoindrie lorsqu’il s’agit d’un adultère homosexuel. La raison reste toujours la même, la jalousie est effacée chez les hommes par la place que prend leur excitation vis-à-vis de cet évènement. Il n’y a aucune comparaison possible, c’est la sensualité voire la possibilité d’exaucer un fantasme largement répandu qui est de faire l’amour avec deux femmes, qui prime dans leur vision.

Tout comme pour l’échange buccal, l’intimité entre deux hommes pour la majorité des femmes est visiblement la preuve qu’ils sont gays. La culture médiatique n’offre pas une image valorisante d’un couple d’hommes. Il n’y a ni coquinerie ni tolérance quant au plaisir partagé.

Des études sur l’infidélité homosexuelle ont révélé qu’un homme sur deux était capable de passer outre un coup de canif dans le contrat amoureux là où une femme sur cinq le fait pour son compagnon. Il est d’ailleurs supposé qu’une femme quitterait probablement plus son partenaire si elle le trompe avec un homme (environ 80%) qu’avec une femme (environ 65%).

LA FORCE DES STÉRÉOTYPES

Les mécanismes de protection vis-à-vis de l’être aimé diffèrent chez les deux sexes. Il est question de l’épineuse question de la pénétration.

Le consentement des hommes pour les liaisons lesbiennes est en lien avec la lascivité surexposée qui se dégage de ces relations. Il n’est nullement question de pénétration dans leur imaginaire et encore moins de procréation. Leur descendance n’étant pas remise en cause, même si il ne s’agit majoritairement que d’une rumination inconsciente.

Le rejet fréquent des femmes pour les liaisons masculines surgit du fait de la menace de l’abandon qui les submerge. Elle ont habituellement besoin de se sentir reine dans leur coeur. Comment ne pas se sentir délaissée quand la rivalité est inenvisageable ? Avec un refus sociétal encore très ressenti d’une union visible et masculine, c’est le dégoût voire la honte qui altère la capacité de nombreuses femmes dans leur possible pardon.

Les stéréotypes ont encore de beaux jours devant eux.