L’imaginaire érotique joue un rôle important dans le désir. Comment le nourrir ? La sexologue Milène Leroy nous en dit plus…


Ce n’est pas le corps qui rend l’autre désirable, c’est l’idée que l’on s’en fait. L’imagination a un pouvoir bien plus puissant sur l’attrait qu’une beauté ou une technique de séduction, même bien rôdée.

UN APHRODISIAQUE NATUREL

Chacun possède une carte du désir qui lui appartient. Rêver l’autre, c’est se construire une histoire liée à ses propres envies. C’est aussi se mettre en mouvement afin d’obtenir l’objet de sa convoitise.

Ainsi, être conscient(e) de ses codes d’attractions et y être connecté(e) est un outil merveilleux pour se sentir en confiance dans le choix et la séduction d’un(e) partenaire.

L’excitation sexuelle peut naître d’un regard, d’un simple contact… mais l’imagination reste le moteur de l’érotisme. Il y a, par exemple, d’autant plus de sensibilité à la vue de jolis pieds si ils ont été fantasmés auparavant.

L’imaginaire érotique implique bien plus de détails simples et réalistes que les stéréotypes auxquels certain(es) essaient de ressembler. Ce qui a pris forme dans les normes physiques actuelles n’a finalement pas toujours de retentissement sur la stimulation sexuelle des hommes et des femmes. Le voyage construit individuellement est empli d’une histoire de vie, qui évolue au fil du temps et des expériences. Il s’enrichit du passé mais aussi d’un hypothétique avenir, offrant une attente relationnelle et émotionnelle singulière et parfois difficilement descriptible tant l’atmosphère peut y jouer un rôle important.

Lorsque le charme agit, l’acte sexuel à venir ne se cantonne alors pas à une simple rencontre charnelle mais bien à une connection plus vive encore. L’imaginaire a, en amont, un rôle de préliminaire. Il alimente les rencontres fortuites, ressource le coït par des élans pimentés. Face à la routine envahissante, au manque de créativité dû à la fatigue et au stress, il est l’allié intarrissable permettant d’instaurer une intimité sans contrainte et sans effort. Il offre un panel de sensations avant même qu’une carresse ne soit effectuée.

Alors que l’imaginaire est presque inné pour une partie d’entre vous, il reste difficile d’accès pour d’autres car il autorise ce que l’éducation interdit, parce qu’il demande cette faculté de fantasmer à souhait, d’oser se créer un jardin secret.

LES SOURCES POTENTIELLES DE NOURRITURES ÉROTIQUES

Il est, avant tout, important de distinguer rêve et réalité. Accès libre et consentement. Chacun regorge de stimulus différents. Evidemment, les hormones, le contexte relationnel, la connaissance du corps de l’autre et du sien, l’histoire affective et sexuelle, l’usure du couple… jouent leur rôle dans la création du désir mais diverses combinaisons possibles peuvent aider à se renouveler :

– La littérature érotique, longtemps taboue et cachée, reste encore trop méconnue. Elle est pourtant une ressource riche pour se créer un scénario et stimuler la vie sexuelle.

– La musique crée une ambiance envoûtante augmentant le nombre d’images sensuelles internes. La culture musicale forge l’invention d’un script torride.

– L’évasion, la rêverie lors d’un moment de détente permet d’écouter la résonance intérieure. Tout est envisageable ! Lâchez-prise et laissez votre esprit vagabonder vers de nouvelles illusions attrayantes.

– Les films et magazines peuvent étoffer un vide créatif. Ils projettent de possibles sources d’excitations, vous pouvez ainsi vous faire votre propre jugement. La sollicitation individuelle est amoindrie et peut vous cantonner à un cadre purement pornographique.

– Eviter la censure. C’est celle qui bloque la dimension sensorielle, à commencer par la psychée.

– Etre observateur. Imaginez, interprétez les gestes, les comportements de ceux qui vous entourent.

– Vivre de nouvelles expériences sexuelles. Elles abreuvent vos futures séquences visuelles. Elles captivent de par la richesse de leurs détails si stimulants pour vous.