Vous souffrez de complexes et votre sexualité en pâtit ? La sexologue Milène Leroy nous indique comment réagir.


LE CONSTAT CHEZ LES FEMMES

Nombreuses sont les femmes qui ont des complexes physiques. Environ 25% d’entre elles ont des difficultés à se dénuder face à leur partenaire : la focalisation sur un ou plusieurs complexes pour la moitié de ces femmes en est la cause.

Ce rapport au corps a généralement un impact négatif sur leur sexualité. Il amplifie la sensation de gêne puisque le corps est sensé être source d’excitation et non de dépréciation dans les moments d’intimité.

Les femmes éprouvent donc un inconfort lors des préludes mais aussi pendant les rapports sexuels. Leurs pensées sont fixées sur certaines zones qu’elles essaient de minimiser, de cacher, de protéger d’un regard ou d’une caresse. Le plaisir charnel n’est pas leur priorité. Avec le temps, il est même remplacé par le mal-être, la crispation ou encore la douleur, qu’elle soit physique ou psychologique.

Les normes corporelles en vigueur sont évidemment responsables de cette dévalorisation et de ces comparaisons fréquentes. Malgré la pleine conscience des photos retouchées, les femmes s’attachent à un idéal irréaliste et irréalisable qu’elles voient dans les médias. Elles passent plus de temps à se juger qu’à s’apprécier. Elles s’empêchent d’érotiser un corps qu’elles ne trouvent pas suffisamment beau pour être touché et affectionné, elles se coupent de la capacité à l’abandon -pour elles et avec leur(s) partenaire(s)- et donc de la possibilité de jouir.

LE CONSTAT CHEZ LES HOMMES

Environ 70% des hommes se disent être bien dans leur peau. Leur principal complexe est la taille de leur pénis, le second, leur ventre. Lors des rapports sexuels, ils ne se dévaluent pas vraiment sur le plan visuel mais plutôt sur leurs capacités sexuelles dont ils sont ou non responsables (en particulier les troubles érectiles, l’éjaculation rapide, la quantité d’éjaculat, la longueur et le diamètre du pénis). Leur quête est fondamentalement fonctionnelle.

Comme les femmes, ils peuvent éviter le coït afin de ne pas être déçus de leur prestation. Leur anxiété étant plus mécanique que physique, ils essaient généralement de remédier à leur problématique en consultant afin de (re)trouver leur puissance de mâle.

RÉAGIR !

Deux possibilités sont à envisager : vous attarder sur ce que vous avez ou n’avez pas et/ou sur celui/celle que vous n’êtes pas ou ne serez jamais ou favoriser une recherche de sensations uniques. Votre corps reflète une histoire singulière, il a un mode de fonctionnement intime spécifique. Vous réagissez différemment selon l’amant/la maitresse que vous avez, selon les périodes, selon vos humeurs, vos attentes ou encore besoins.

Recentrez-vous sur les bases :

– Un dépassement de l’image parfaite et du mode d’emploi idéal vous permettra de vous intéresser à l’essentiel : vivre le partage et l’intensité émotionnelle à deux.

– Votre volonté vous permettra d’accentuer la recherche du plaisir génital en solo et avec votre partenaire.

– Rappelez-vous que l’épanouissement sexuel passe par le fait de savourer l’instant présent.

– Faites vous aider par un sexologue pour mieux connaitre vos codes d’attractions sexuelles mais aussi les outils nécessaires pour développer vos habiletés érotiques.

– Prenez en compte le fait que l’attirance naturelle, vraie, sans artifices a plus de sens et de valeur que le fait de copuler sans âme. Le plaisir que vous prenez ensemble à faire l’amour est bien plus important que la taille d’un organe ou la courbe d’une fesse.

UNE PRISE EN CHARGE PARALLÈLLE

Quand les complexes sont trop forts, un accompagnement avec différents professionnels (kinésithérapeute, conseiller en image, psychothérapeute…) peut renforcer la confiance et l’estime de soi.