Le candaulisme consiste à exposer l’intimité de son ou sa partenaire aux autres. La sexologue Milène Leroy nous en dit plus sur cette pratique sexuelle.


Les premiers temps de la relation amoureuse, le désir est bouillonnant et réciproque, il alimente la complicité. Puis se mettent en place les rituels qui modifient le lien charnel. La jouissance se nourrit du sentiment de possession mutuelle et du confort qui s’est installé au sein du couple. Mais cet apaisement émotionnel et corporel peut devenir ennuyant. Pour ceux qui ont des désirs candaulistes, l’envie d’exposer son couple à de nouvelles expériences reprend alors forme. Une extase supplémentaire qui, malgré le consentement établi et l’envie d’intensifier leur intimité, peut parfois laisser la jalousie s’immiscer au sein du duo amoureux.

L’IMPOSSIBLE ÉQUATION CANDAULISTE = JALOUSIE ?

Le candauliste a une grande capacité à vivre l’autonomie de désir de sa femme mais l’histoire individuelle peut aussi amener un compagnon à ressentir une expression de la jalousie. Si il s’agit de rivalité, de peur de l’abandon, de doute quant au sentiment amoureux, de manque de confiance en soi, l’avenir candauliste sera infructueux. L’homme se fera à la fois victime et bourreau et entrainera le couple dans ce qui l’oppose à l’épanouissement attendu : agressivité, incompréhension, interprétation, mésestime, recherche de contrôle, tromperie, souffrance, peur… De nombreux hommes avouent tout de même éprouver des relans de jalousie n’évoquant pas ces lourdes conséquences. Ils se nourrissent de ce sentiment pour accentuer leur excitation, leur regard fier vis-à-vis de leur partenaire. Cette vibration, même négative, leur remémore leur propre désir brûlant des débuts, leur rappelle leur attachement amoureux et leur offre une vie libidinale intense.

LES RISQUES ENCOURUS

Le risque zéro n’existe pas quand il s’agit de rapports sexuels. Les pratiques, la manière dont se vit une expérience peut être source de dommages collatéraux. Ne vous précipitez pas. Cette activité physique doit prendre racine dans l’amour que vous éprouvez l’un pour l’autre. La motivation pour l’un est la jouissance qu’il retirera de ce visuel, pour l’autre, la complicité qu’elle lui offrira à le regarder s’enthousiasmer via sa jouissance. Même sans corvée, sans obligation, sans soumission, sans préoccupation quant à “l’après rapport sexuel”, il est question de faire l’amour ou de participer à cet ébat et ce n’est pas anodin. Certaines dimensions physiques et psychiques peuvent être heurtées : Une femme peut avoir des complexes face à un autre homme, développer des sentiments amoureux envers l’amant, avoir un sentiment de gêne quant à l’intensité sexuelle ressentie… Un homme peut, éprouver de la jalousie, ne pas supporter certaines scènes ou vivre des conflits internes…

DE LA JALOUSIE AU RAVISSEMENT

Les rencontres candaulistes ne doivent pas être assimilées à des aventures extra-conjugales. Ce qui stimule les deux complices est le partage. La confiance est assurée, la réflexion quant à la place de chacun a été menée, les discussions sur la non-appropriation de l’autre engagées et les règles posées. Vivre cette expérience, c’est transformer la convoitise en une force constructive. C’est assumer ses propres envies, en retirer ses propres bénéfices. C’est jouir de l’attirance que la femme émet envers d’autres hommes. C’est connaître le plaisir à travers l’excitation de sa partenaire. C’est s’ouvrir à une exploration vaste de sensations, d’émotions, de corps… C’est lutter contre la monotonie des rituels installés très tôt dans la relation de couple. C’est décupler la créativité sexuelle. C’est redonner au conjoint la possibilité de vivre en miroir un désir intense pour sa femme. Chaque trio n’apporte pas une explosion des sens mais qu’importe puisqu’il s’agit d’un bonus de vie. Cette absence de jalousie n’est donc pas une absence d’amour. Elle est, au contraire, une preuve de maturité affective et relationnelle.