Utiliser un langage un peu plus cru ou plus osé pendant l’amour peut intensifier l’excitation. La sexologue Milène Leroy nous dit tout sur le dirty talk.


La rencontre sexuelle est une communication érotique amorcée par des conduites d’appels que sont les regards, les gestes, les caresses… Elles sont parfois plus parlantes que le verbe lui-même, on transmet corporellement à l’autre un ressenti singulier que les mots ne sauraient peut-être pas décrire. Et le corps imprégné de multiples sensations peut, par ses pulsions parfois imprévisibles, ne plus donner place à un discours sensé.

Pourtant, face à une certaine pudeur pour certains, une maladresse pour d’autres, les mots peuvent rassurer et exciter votre partenaire !

TROUVER SA VOIE(X)

Si ce n’est pas la parole, c’est le son qui peut prendre le relais de manière explicite. Dès les préliminaires, engager la verbalisation de manière plus ou moins tendre, engagée, vulgaire… accentue les vibrations charnelles.

Lors du coït, -qui amène dans le meilleur des cas abandon et lâcher-prise-, il s’agit plus souvent de manifestations vocales involontaires. Accentuer ces gémissements par quelques expressions semées au gré de vos pulsions est une valeur ajoutée dans l’excitation. Des recherches assurent que 9 personnes sur 10 s’expriment lors des rapports sexuels.

Seul bémol : Il faut alors être sûr du consentement du complice. Posez les limites ensemble. Si les mots crus sont utilisés, cela peut être ressenti comme surprenant, osé mais aussi vécu comme horripilant pour celui/celle qui les entend. Quand cela fonctionne, il est alors question de transgression, de passage dans un monde interdit, d’une dimension ludique à travers des jeux de rôles, d’un moyen de génitaliser les rapports sexuels.

DE QUOI PARLE T-ON ?

Il y a, de manière plus ou moins évolutive lors du coït, les silences, les signes audibles d’accélération respiratoire, les souffles vocaux, les gémissements faibles, les interjections (« Oh », « Ah », « Oui » ou des « non »… qui peuvent sous-entendre une ambiguité), les locutions incitatives (« Vas-y », « Encore », « Plus fort »…), les commentaires (« Je jouis », « C’est bon »…), les envolées émotionnelles (« Je t’aimerai toujours »…) les locutions grossières, les cris et hurlements.

Leurs variations en terme de durée, d’intensité, de tonalité dépendent de la spécificité de l’acte sexuel.

UNE DIFFÉRENCE HOMME/FEMME ?

Les femmes s’expriment plus souvent et de manière plus variable que les hommes mais quand il s’agit de sexe, on peut retrouver chez elles, plus de timidité ou d’envie secrète que leur comparse devine leurs moindres désirs.

Les « non » et les paroles incitatives sont plutôt féminins, les mots grossiers et commentaires sur les ressentis sont mixtes avec comme nuance le fait que les femmes expriment leurs propres sensations (« J’adore, continue »…) alors que les hommes expriment plus souvent le ressenti supposé de leur(s) partenaire(s) (« Ça te plait »…).

Les hommes ont tout de même plus d’aisance avec les échanges vulgaires qui boostent leurs envies. On retrouve chez eux un côté dominant (« C’est moi qui décide de ce qu’on fait »…) donc chez les femmes, plus de soumission à leur égard (« Je suis à toi »…). Il n’est pas question de retirer de ce constat un cliché mais bien d’y voir une véritable écoute vis à vis de l’autre sexe. On retire du plaisir quand on exprime ce que l’autre aime entendre.

L’épanouissement érotique est aussi présent grâce aux fantasmes (« Imagine que c’est une autre personne qui te pénètre »…), à la notion de possessivité (« Ce corps m’appartient »…) et à la recherche de dialogue chez les deux sexes.

LA SPÉCIFICITÉ DU DIRTY TALK

Le but est d’ôter toute pudeur et d’exprimer pleinement votre désir via votre côté animal.Provocation ? Choc ? Quoi qu’il en soit et même si c’est avoué à demi-mot, de nombreuses femmes en raffolent. Elles sont auditives, là où les hommes sont plutôt “visuels”… De leur côté, les hommes peuvent se nourrir du plaisir rassurant qu’elles leur expriment. Activer ce sens est donc une des clés pour que les paliers d’excitations montent très vite et très haut !

Mais être coquin(e) requiert des habiletés, ne soyez pas trop impatients, créez un scénario, faites grimper la tension crescendo, soyez légers et créatifs. L’idée est de défier, de déstabiliser, de valoriser vos sensations, de flatter vos égos. Pour mieux gérer le “pendant”, vous pouvez commencer en amont par quelques textos explicites.