Trop souvent ? Pas assez ? La sexologue Milène Leroy nous en dit plus sur la fréquence des rapports sexuels au sein du couple.


La fréquence des rapports sexuels est une source de conflits régulière au sein des couples. Entre incompréhension et attentes différentes, quel compromis trouver ?

DES SONDAGES ANGOISSANTS

Les statistiques rabâchent aux amoureux que la moyenne est de deux coïts par semaine. De comparaison en dévalorisation, c’est la souffrance voire le sentiment d’anormalité qui envahissent et échauffent les esprits.

Les multiples sondages quantifient les rapprochements érotiques mais ils nuisent aussi à l’épanouissement sexuel de chacun. Comment rendre crédible des données si mystérieuses puisque intimes ? Pourquoi chercher à donner du sens à ce qui n’est pas qualitatif et totalement dépendant d’un contexte de vie de couple ?

La réalité n’est pas quantitative, elle se tient dans l’idée que l’homme et la femme ont de la sexualité. Dans les enquêtes, la surestimation est courante. En cabinet, l’évidence est le décalage entre les envies masculines (globalement plus fortes) et les désirs féminins (généralement plus faibles).

Le taux hormonal plus élevé chez l’homme (via la testostérone) n’explique pas qu’ils aient un désir sexuel automatique. Il est comme chez les femmes, une conséquence d’un carrefour d’élèments (culturels, sociaux…). L’élan sexuel est une construction induite depuis la plus  tendre  enfance : les hommes doivent aller à la conquête des femmes attendant leur prince…

Aucune moyenne logique ne peut être définie à travers des histoires uniques. Il n’y a pas de normes à respecter et pourtant les amants s’abîment à vouloir respecter une fausse idée d’un “devoir conjugal” jusqu’à se forcer pour être conforme.

BESOIN OU DÉSIR ?

Le besoin de faire l’amour est une croyance, il n’existe que des envies. Chaque personne a une libido “chargée” spécifiquement selon son attraction pour la sexualité. Il n’y a pas plus de difficulté à vivre l’abstinence ou la frustration chez un homme ou une femme ni de dysfonctions plus importantes sans rapports sexuels pendant un temps imparti. Il est juste question de désir variable selon les individus.

LE RÔLE DE LA MASTURBATION

Elle est indispensable à la découverte et la connaissance de soi. Elle peut apaiser l’appétit plus intense de l’un ou l’autre partenaire sans pour autant remplacer ou combler l’excitation ou le partage émotionnel recherché avec lui/elle.

L’auto-érotisme reste le meilleur moyen de ne pas imposer ses désirs et ainsi d’éviter tout sentiment de perte de virilité, de féminité, de séduction ou d’amour lorsque le/la partenaire ne répond pas aux attentes.

Elle permet également de ne pas investir le rapport sexuel avec des besoins plus personnels comme la décharge physique et psychique (liés au stress, à la colère…) qui pourraient avoir un impact négatif sur l’échange intime et les hypothétiques élans à venir dans l’intimité du couple.

COMMUNIQUER !

Si tous les couples traversent des périodes de discordances de désir sexuel, cela ne signifie pas l’arrêt automatique de la relation affective. La baisse de libido n’implique pas spécifiquement la déterioration de l’amour, cela peut signifier une décroissance d’un plaisir global.

L’objectif principal est de ne pas forcer pour l’un, rassurer pour l’autre. Dialoguer pour mieux respecter les variations mutuelles : être capable d’assumer un “non”, de bien vivre un refus fait la force et la maturité d’un duo.

Contraindre ou transformer la sexualité en corvée dévalue l’entente physique et psychique. Trouver un équilibre demande à poser honnêtement les désirs mutuels. Définir ensemble des solutions envisageables et réalistes est essentiel.

Lorsque la discussion est rompue, le sexologue peut aider à comprendre la situation, la dédramatiser, les rassurer, les aider à s’évaluer, à prendre conscience de leur vie de couple singulière pour mieux s’adapter.