Milène Leroy, sexologue, nous livre les clés pour profiter des rapports sexuels après la grossesse.

GROSSESSE

La grossesse est une étape, une expérience toute particulière, -qui même si elle vécue au mieux par la femme et le couple-, joue sur la sexualité d’une manière plus ou moins positive.

Après une adaptation, -plus ou moins acceptée-, à un corps différent, l’accouchement engendre encore de nouveaux changements corporels. Puis le retour chez soi un chamboulement psychique, surtout lorsqu’il s’agit du premier enfant.

Le but, dans un premier temps, est de favoriser le relationnel et pas forcément les cabrioles !

Une fois sur deux les rapports sexuels reprennent uniquement à la demande de l’homme et en moyenne 1 mois ½ après l’accouchement. Pour certaines femmes, cela peut prendre jusque 18 mois. Il n’y a pas de norme mais au-delà, la consultation sexologique devient nécessaire.

En attendant le réequilibrage physique, hormonal, social ou encore familial, la privation sexuelle n’est pas obligatoire mais le plaisir sensuel doit être de retour… à votre rythme.

LES CONSÉQUENCES (POSSIBLES) D’UN ACCOUCHEMENT :

VOIE BASSE :

L’épisiotomie cicatrise en une semaine mais des soins sont nécessaires pendant une quinzaine de jours. Une Sage-Femme suit normalement ce processus de guérison qui ne nécessite pas plus de contrariété si les points sont effectués correctement. Si ce n’est pas le cas, cette opération peut être renouvelée.

Les déchirures internes ou externes sont également recousues (sauf les plus petites qui cicatriseront comme une plaie).

Le périnée est plus ou moins distendu mais reprend sa forme et son élasticité initiales grâce à rééducation périnéale.

CÉSARIENNE :

Environ 3 semaines sont nécessaires pour la cicatrisation avant la reprise d’une activité sexuelle.

LES CONSÉQUENCES DE L’ARRIVÉE DE BÉBÉ :

Si la maman allaite, l’excitation et l’orgasme peuvent produire un réflexe d’éjection. La lubrification vaginale est aussi moins présente voire absente, cela est dû à la chute importante des taux d’œstrogènes et de progestérone.

Ces hormones jouent également sur le désir de la maman : la prolactine (hormone de l’attachement) augmente considérablement. Elle aide la maman à être centrée sur son bébé mais bloque le désir vis à vis de son partenaire.

La fatigue est sexuellement paralysante. Le sexe est un luxe qui demande un environnement favorable et si le besoin de sommeil se fait sentir, il annihile tout ce qui n’est pas vital. Si l’enfant dort dans la chambre des parents, la peur de le réveiller est une entrave supplémentaire.

LES SOLUTIONS À ENVISAGER :

Se masturber en solo pour éviter toute frustration et tout reproche l’un envers l’autre.

Se relancer en douceur. L’intensité sexuelle n’est pas nécessaire tout de suite. Il faut cultiver le goût et l’envie. L’affect, le partage de caresses, de massages permettent au couple de faire l’amour sans pénétration vaginale si les douleurs sont trop fortes pour la maman.

Instaurer de nouveaux jeux érotiques (découverte de nouveaux touchers, de préludes plus longs, de lectures érotiques, de masturbation commune…)

Tester de nouvelles positions qui permettent à la femme d’être à l’aise avec son corps : l’andromaque par exemple (la femme est sur son partenaire) ou encore les petites cuillères (l’homme et la femme sont côte à côte).

Utiliser des lubrifiants afin de faciliter la pénétration et les mouvements de va et vient. Ils peuvent être d’une grande aide si votre périnée est encore sensible.

Communiquer ensemble sur les nouvelles questions, problématiques depuis le passage du couple à la famille. Il est important que chacun exprime ses ressentis, ses réserves, ses besoins, ses craintes…

Accepter une situation de “passage” grâce aux consultations avec un thérapeute ou par la prise de conscience d’une “normalité” grâce aux discussions avec un entourage ayant eu des enfants.

Prendre du temps pour vous deux. Les amis ou la famille peuvent vous soulager d’une situation éreintante même si il ne s’agit au départ que de rendez-vous en journée.