Au sens strict du terme, l’anorgasmie est l’absence réitérée et persistante d’orgasme. Le désir est tout de même présent. Cette pathologie souvent attribuée exclusivement à la femme se rencontre également chez l’homme mais de façon plus rare. J’en ferai mention dans un prochain article.

DÉFINITIONS

  • Cette dysfonction peut être primaire : la sensation orgasmique n’est pas connue, que ce soit lors des rapports sexuels, par masturbation, cunnilingus ou caresses du/des partenaire(s).
  • Elle peut être secondaire : la femme a vécu l’orgasme mais ne le ressent plus.
  • Elle peut être totale : l’évolution sexuelle est entravée par une vision négative de la sexualité, les femmes parlent de gêne, de tabou voire de dégoût quant à l’approche du partenaire, notamment de leur sexe. Cette absence totale d’orgasme n’est pas la conséquence évidente d’un blocage psychologique, cela peut-être uniquement une méconnaissance, une non-découverte de leur corps et plus particulièrement de leurs organes génitaux. Parfois, cela est dû à des violences sexuelles ou des douleurs dès les premiers rapports mais ces faits ne doivent pas être analysés automatiquement comme facteurs principaux. Toutes les femmes ayant subies des abus ou ayant eu des douleurs ne sont pas condamnées à être anorgasmiques !
  • L’absence d’orgasme peut aussi être partielle : l’orgasme est alors possible par la stimulation clitoridienne (avec ou sans la présence du partenaire ou lors de la pénétration grâce à une stimulation clitoridienne). Mais le plus fréquent reste l’anorgasmie coïtale. Les femmes ressentent l’orgasme par masturbation, cunnilingus ou caresses du/des partenaires mais pas lors de la stimulation vaginale par pénétration. Il peut résider là-aussi une méconnaissance corporelle (une phobie de la pénétration vaginale par exemple), ou encore un problème de couple (le partenaire souffre d’éjaculation précoce par exemple, ce qui empêche la femme d’avoir suffisamment de temps pour ressentir l’orgasme)…
    Il y a également les anorgasmies plus sélectives, qui varient selon les situations et les partenaires (l’ambiance, l’état de fatigue…).
  • Enfin, l’absence d’orgasme peut être situationnelle (varier en fonction des partenaires par exemple) ou permanente.

A travers cette dysfonction sexuelle, on retrouve divers degrés de vécus chez les femmes. Alors que certaines se lassent de cette situation inaboutie, d’autres éprouvent le plaisir du partage intime voire même une excitation très intense lors des rapports. Il est important de ne pas confondre anorgasmie et frigidité qui, elle, correspond à un manque de libido. L‘anorgasmie n’a pratiquement pas de cause organique, elle est essentiellement d’origine psychique et/ou corporelle.

OUBLIER LES OBLIGATIONS

Face à la pression sociétale ou de couple, certaines femmes se sentent “anormales” et cherchent à ressentir l’Orgasme, celui qui leur apportera le plus de perceptions, oubliant souvent tout le plaisir des sens que leurs propres caresses ou qu’un rapport charnel peut apporter. La performance prend le dessus. Ces femmes se sentent érotiquement incompétentes si elles n’y arrivent pas.

Au-delà du plaisir partagé lors de la relation sexuelle, vous pourriez considérer l’orgasme comme une richesse supplémentaire. Inutile de considérer son absence comme une pathologie ou un désastre. Plus cette croyance sera présente, plus vos ressentis physiques et émotionnels seront perturbés et moins vous vivrez cette jouissance.

Une question simple peut vous permettre de relativiser la situation : si vous êtes satisfaite de vos relations affectives et sexuelles, est-il indispensable ? Rien ne vous empêche de consulter afin de mieux comprendre, apprendre et tester de nouvelles habiletés mais pourquoi pas l’aborder comme un bonus personnel ?

COMPRENEZ AVANT TOUT VOTRE MODE DE FONCTIONNEMENT SEXUEL

Le ressenti orgasmique demande des connaissances, des apprentissages anatomiques et érotiques mais aussi une capacité à lâcher-prise. Pour avoir un orgasme, il faut déjà apprécier toutes les sensations préliminaires à celui-ci. Allez rechercher ces prémisses, si personnels, par vous-mêmes ou grâce à votre partenaire afin d’être portées vers un désir suffisamment élevé pour vous abandonner au moment présent et en jouir.

Chaque femme a besoin d’un environnement particulier pour « atteindre » l’orgasme qu’elle soit seule ou en duo.

Plusieurs facteurs favorisent la capacité orgasmique. On retrouve généralement le désir pour un(e) partenaire, un environnement favorable, un univers fantasmatique, une concentration sur les sensations, une acquisition de mouvements du bassin favorable au lâcher-prise, une bonne communication entre partenaires, une attention et un potentiel érotique duels (par exemple une durée suffisante des rapports), une absence de douleurs, de mutilations et de problèmes médicaux.

L’INTÉRÊT SEXOTHÉRAPEUTIQUE

Finalement, seule une relation intime agréable et de confiance pour les deux partenaires, dans laquelle les stimulations érotiques sont adéquates peut amener à définir un trouble réel. Sinon, il faut d’abord rétablir les premiers dysfonctionnements comme par exemple la communication au sein du couple (désorganisée par un problème familial, un décès, une naissance…) avant de débuter une sexothérapie plus particulièrement basée sur le traitement de l’anorgasmie.

Contrairement aux hommes qui veulent savoir « techniquement » comment procéder pour améliorer leur vie sexuelle, les femmes, à travers cette dysfonction, ont plutôt besoin de comprendre, de dialoguer afin de réussir à s’abandonner. La peur de perdre le contrôle ou de devenir trop vulnérable peuvent les empêcher de s’épanouir.

Un suivi sexothérapeutique accompagné d’exercices, facilitera l’accès à l’orgasme à travers une maîtrise intime de votre corps. L’objectif est, en premier lieu, que votre attention soit portée sur les stimulis et les ressentis sexuels. C’est en développant cette centration, que vous augmenterez votre sensibilité génitale et plus particulièrement vaginale. Mais se centrer sur ses sensations, n’est pas réfléchir ou se concentrer sur un éventuel orgasme à venir sinon l’objectif serait manqué.