Sexologie-couple

La biphobie 1/4

Le souci dans la société normative qu’est la France est que les bisexuels déjouent toutes les statistiques, on ne sait pas combien ils sont, ils passent d’une sexualité à l’autre, se réfère à l’hétérosexualité ou à l’homosexualité selon les revendications ou les normes dans lesquelles ils désirent s’inscrire.

Ne pas savoir ou les classer ni les situer perturbe beaucoup les esprits. Comparativement à l’homosexualité ou l’hétérosexualité qui permettent d’établir des analyses à partir de multiples enquêtes, la bisexualité reste un territoire encore très peu exploré même parfois pour ceux qui ont cette orientation sexuelle.

Beaucoup de questions se posent…surtout lorsqu’il s’agit de comprendre comment la bisexualité se décline sachant que chaque individu le vit différemment, diverses combinaisons étant possibles…

La biphobie est d’une manière générale, refuser aux bisexuels le sentiment amoureux pour un unique individu, alors qu’il revendique son attirance pour les deux sexes tout en choisissant la plupart du temps de vivre pleinement avec une seule personne.

On peut tout à fait être victime de biphobie. Que l’on soit dans le cadre d’une relation hétérosexuelle ou homosexuelle, c’est exactement la même chose. On ne vous reproche pas d’avoir des aventures homosexuelles/et ou des aventures hétérosexuelles, on vous juge incapable de choisir entre une norme sociale qui est le couple hétéro et la construction d’une autre norme qui est le couple homo.

La norme sociétale impose le couple, avec ce qu’il faut de fidélité, et on suppose qu’un bisexuel ne pourrait pas le mettre en pratique.

Non, la bisexualité n’existe pas, la preuve : nombre d’entre eux finissent par faire un choix, et on parle de la trentaine pour un positionnement définitif. Pire, on vous soupçonne d’être de toute façon un infidèle notoire et pathologique. Le fait même de classer la bisexualité dans l’aspect du secret, du mensonge, de la non-norme produit dans notre société un jugement négatif des hommes et femmes bisexuels, ce qui s’apparente à une discrimination.

Si certains sortent du placard, d’ailleurs, le coming out chez les bis est plus tardif car il est lié à la vision duelle de l’orientation, à une non connaissance de la bisexualité, un manque de support social, de modèles positifs, de variations de définitions selon son identité socio-sexuelle et ses quêtes sexuelles, pour revendiquer une identité à part entière, la plupart s’épanouissent discrètement dans leur « no man’s land ». État des lieux d’une sexualité hors norme non encore homologuée.

Les préjugés sont nombreux et tenaces : pervers, instables, amoraux, égarés… les épithètes infamantes pleuvent. Dans une société divisée entre hétéros et homos, chacun est instamment prié de choisir son camp.

La bisexualité transgresse trois piliers fondamentaux : l’identité de genre, la question du couple et l’appartenance socioculturelle au monde homo ou hétéro.

La question de la bisexualité embête tout le monde mais fascine aussi parce qu’elle touche à des points fondamentaux de notre culture.

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